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Le prix du blé a grimpé cette semaine, le maïs et le colza ont fléchi

La publication récente du rapport mensuel de l'USDA a soutenu les prix du blé cette semaine.

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des céréales, oléagineux et protéagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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La publication du rapport mensuel du ministère américain de l’agriculture (USDA) a soutenu les prix du blé, mais a contribué à faire baisser les cours du maïs et du colza. Les conditions météorologiques aux États-Unis ont conduit à un renchérissement des prix du tourteau de soja, tout comme celles du Brésil, et de l’Argentine dans le cas du blé. La Commission européenne doit rendre ce vendredi 15 septembre 2023 sa décision concernant le renouvellement de l’interdiction d’importation de grains ukrainien à destination des pays limitrophes de l’Ukraine.

Nouvelle progression des prix du blé français

Pour la deuxième semaine consécutive, les blés français se sont renchéris, mais de manière un peu moins marquée que la semaine dernière. Le Fob Rouen a tout de même gagné 4 €/t, à 234 €/t, et le rendu La Pallice a monté d’autant, à 234 €/t. Les prix français ont réagi à la publication cette semaine du rapport de l’USDA qui a revu à la baisse sa prévision des stocks mondiaux de blé. En dollars, le prix Fob Rouen n’a gagné que 3 $/t, à 256 $/t, en raison d’une nouvelle dépréciation de l’euro.

Du côté de la mer Noire, le blé russe à 11,5 % de protéines a perdu 5 $/t, à 227,5 $/t, tandis que celui à 12,5 % de protéines a gagné 3 $/t, à 242,5 $/t. La semaine prochaine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, accompagné de représentants de l’ONU et de la Turquie, doit rencontrer le ministre russe des Affaires étrangères pour discuter du corridor sécurisé d’exportation des grains, arrêté à la mi-juillet. Le marché n’est guère optimiste en ce qui concerne l’issue de ces discussions.

La semaine a également été marquée par une révision à la baisse de 0,6 million de tonnes de la production argentine par la Bourse des grains de Rosario, avec une prévision de 15 millions de tonnes. Les pluies ont fait leur retour depuis le début du mois de septembre, mais seulement dans la province de Buenos Aires. Le temps sec persistant dans les autres provinces est une mauvaise nouvelle. Malgré tout, la récolte devrait être bien supérieure à celle très mauvaise de 2022.

À l’inverse, au Canada, l’agence de statistiques StatCan a revu à la hausse son estimation de la production de blé tendre, de 0,6 million de tonnes, à 25,8 millions de tonnes. La récolte canadienne est estimée en recul par rapport à 2022, puisque les conditions ont été sèches au cours du cycle cultural. La demande mondiale a été plutôt calme ces derniers jours, même si l’Iran a acheté 240 000 tonnes de blé russe, entre 314 et 345 $/t C&F. La Russie continue d’exporter massivement ses blés, à des prix toujours très attractifs.

Regain de compétitivité des maïs français

Après la hausse de la semaine dernière, les prix du maïs Fob Bordeaux ont perdu une partie du gain obtenu au cours de la semaine, avec une baisse de 4 €/t, pour s’afficher à 213 €/t (récolte de 2023, base : juillet). À l’inverse, le maïs Fob Rhin a augmenté de 2 €/t, à 207 €/t. Les maïs français regagnent en compétitivité à l’approche de la récolte sur le marché nord européen.

Du côté de la production française, les conditions chaudes et sèches de ces dernières semaines ont permis une progression de la maturité des grains. En outre, les conditions favorables sur la partie nord de l’Hexagone, lors de la deuxième partie cycle, et au sud pendant la floraison, devraient garantir un bon niveau de rendement. Toutefois, la production française n’est pas attendue à un niveau élevé à cause d’une surface assez faible au regard de l’historique.

Outre-Atlantique, le rapport mensuel publié mardi dernier par l’USDA a quelque peu surpris les opérateurs. En effet, la production américaine de maïs a été révisée à la hausse, alors que les analystes prévoyaient plutôt une baisse. L’estimation de rendement de l’USDA a bien été minoreé à 173,8 boisseaux par acre, contre 175,1 le mois dernier. Cependant, la surface plantée a été majorée de 800 000 acres, pour s’afficher à 94,9 millions d’acres.

En Amérique du Sud, les semis de maïs pour la nouvelle campagne viennent de débuter, notamment en Argentine et au Brésil (première récolte). Du côté brésilien, la récolte des maïs Safrinha continue et les exportations vont bon train avec un niveau record de 9,3 millions de tonnes exportées en août. Enfin, en mer Noire, la situation reste complexe pour les exportations ukrainiennes à cause des attaques fréquentes sur les infrastructures céréalières et portuaires. Toutefois, un message important vient d’être transmis par la Bulgarie qui ne renouvelle pas l’interdiction d’importation de grains ukrainiens sur son territoire.

Baisse des cours du colza

Cette semaine, les cours du colza en France ont diminué de 6 €/t rendu Rouen et de 8 €/t en Fob Moselle. Au début de la semaine, ils ont notamment chuté sous la pression de l’huile de palme. Selon la dernière publication du MPOB (organisme gouvernemental malaisien), les stocks d’huile de palme en Malaisie à la fin d'août sont au plus haut depuis sept mois. Ils ont augmenté de 22,5 % entre la fin de juillet et la fin d'août, avec d’un côté une hausse de la production et de l’autre un ralentissement des exportations.

L’avancée de la récolte de canola au Canada continue également de peser sur les cours. Au 12 septembre, 35 % des canolas étaient moissonnés au Manitoba et 42 % au Saskatchewan. Toutefois, à la fin de la semaine, StatCan a revu son estimation de production en baisse à 17,4 millions de tonnes, permettant une légère reprise des cours.

La baisse des prix du colza en France cette semaine a également été limitée par la hausse de ceux du pétrole, avec un baril aujourd’hui proche de 90 dollars. Le marché craint une importante pénurie de pétrole sur la fin de l’année à la suite de la publication des derniers rapports de l’Opep et de l’Agence internationale de l’énergie. L’offre devrait se réduire de plus de 100 millions de barils d’ici à la fin de l’année compte tenu des baisses de productions de l’Arabie Saoudite et de la Russie.

Légère hausse des prix du tourteau de soja

Le rapport mensuel de l’USDA s’est révélé baissier, en raison des prévisions de production de soja à 112,8 millions de tonnes, un niveau supérieur aux attentes du marché. Les prix ont ensuite repris en raison des incertitudes concernant le réel impact du climat sur le poids des gousses et donc sur le rendement. Les conditions chaudes et sèches de ces dernières semaines continuent de dégrader l’état des cultures de soja.

Les champs considérés comme bons à excellents ont vu leur notation de nouveau diminuer, de 1 point, en une semaine (à 52 %). Cela a participé à la hausse des cours du tourteau de soja. Sur l’échéance octobre, les prix ont augmenté de près de 5 $/t, sur le CBOT (Bourse de Chicago), à 441 $/t. Par ailleurs, les exportations américaines restent dynamiques.

Finalement, alors que les semis de soja débuteront bientôt en Amérique du Sud, les conditions climatiques et l’impact d’El Niño seront à surveiller de près. Le manque de précipitations dans le centre du Brésil commence à inquiéter. Les prix des tourteaux de soja à Montoir ont, quant à eux, évolué en légère baisse cette semaine : ils ont perdu 3 €/t car ils restent peu attractifs dans les rations animales.

À suivre : décision de l’Union européenne concernant le renouvellement de l’interdiction d’importer des céréales et oléagineux ukrainiens dans cinq pays de l’est de l’Union européenne au-delà du 15 septembre, conditions de culture aux États-Unis et en Amérique du Sud (maïs et soja), récoltes des cultures de printemps (Europe et mer Noire), capacité d’exportation maritime et fluviale de l’Ukraine, prix du pétrole, conjoncture économique mondiale.

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